Staline, ou l'Homme des Confins.


Staline. Ce nom est de ceux qui provoquent des sentiments contrariés, et qui désigne tant de choses qu'il en est presque vide de sens. 

Staline est l'adjectif que l'on donne à son chef tyrannique quand on ne l'appelle pas déjà Hitler.

Stalinien est le terme qui se rapporte à ce qui est totalitaire. 

Plus rarement, il renvoie à une mouvance communiste aujourd'hui quasiment disparue, bien que parfois ressuscitée par certaines mouvances du Black Block ou encore de l'ancienne mouvance hoxhaïste pro-albanaise (et même quelques fois, quand on est audacieux, à la Corée du Nord). 

Stalinisme est le mot qu'on donne à la gauche que l'on combat quand on est de droite, qui serait trop autoritaire en son sein, et trop de gauche sur les questions sociales. 

Finalement, Staline est un des avatars du mal, étrangement moins honni qu'Hitler, pourtant de plus en plus diabolisé. Il est loin le temps où l'Oncle Joe, le Petit Père des Peuples, L'Ancien, comme l'appelait affectivement Mao, signifiait quelque chose de positif. 

Staline, c'est l'homme de fer, l'homme des purges, le créateur de l'un des régimes totalitaires les plus violents et les plus efficaces de tous les temps, la hantise de Georges Orwell, le fantôme de Soljenitsyne et l'inspirateur de toutes les dystopies. 

Loin de moi l'idée de contredire ces réalités qui sont à raison affirmées avec force par les historiens, mais il m'est apparu important, en lisant ce livre, de comprendre qui était l'Homme derrière Staline, celui qui s'appelle Joseph Djougachvili et qui a été l'un des hommes les plus puissants du XXème siècle, et que l'on connaît en réalité très peu. 

Façade d'un régime, le lecteur en avait presque oublié qu'il n'en était pas le seul visage, même pas la seule option. Oleg Khlevniuk l'affirme : l'URSS n'aurait pas été la même sans Staline et aurait pu exister en dehors de lui. La période stalinienne n'était ni déterminée ni obligatoire. Elle fait partie de ces hasards, de ces manœuvres qui ont façonné hasardement le monde et qui auraient pu ne pas être, mais qui ont été quand même. Au prix de millions de vie.


L'homme derrière Staline


Staline pourrait presque exister sans Staline. C'est un archétype devenu universel qui se range avec Hitler dans la case "totalitarisme", sans que d'ailleurs quelqu'un puisse définir avec certitude ce que signifie ce concept par ailleurs tant débattu. Mais Staline était un homme, avait un nom et surtout une origine. 


Josef Djougachvili était d'abord un géorgien. Au sud de l'immense empire russe, la Géorgie est la province qui le sépare de la Turquie. Proche de la Tchétchénie, la région du Caucase est soumise à une structure sociologique de type clanique. Certains historiens ont avancé que la violence du régime stalinien venait de là et ont surnommé Staline L'Homme des confins comme une sorte de brute épaisse dévalant en combattant Mongol les montagnes caucasiennes pour massacrer le bon peuple russe. Théorie intéressante mais peu satisfaisante. 


Josef est issu d'une famille modeste de la ville de Gori, qui s'est sortie du servage avec une relative facilité et a su atteindre un niveau raisonnable de prospérité et de relation, sans pour autant rouler sur l'or. Battu par un père alcoolique, bientôt seulement élevé par une mère dévouée, doté de réelles capacités qui lui seront utiles pour monter les échelons du parti bolchevique, le petit Josef est repéré et va à l'école. Il ne connaît le russe qu'à partir de l'âge de neuf ans et gardera son accent géorgien jusqu'à sa mort, en 1953. Le jeune homme lit énormément et est passionné de romans romantiques mettant en scène des héros géorgiens : il prendra d'ailleurs le surnom de Koba dans ses premières années de militantisme en référence à ces lectures. 


Très vite, sa mère cherche à faire de lui un prêtre et l'entraine dans un séminaire à Tiflis, où il apprend les rudesses et l'obscurantisme de l'éducation religieuse. D'inspiration nationaliste et d'éducation religieuse, rien n'indiquait que Koba allait être séduit par le marxisme, mais sans doute le manichéisme de ses études, ainsi que les mauvais traitements subis au séminaire l'y avaient poussé malgré lui. Très vite, ce bon élève se transforme avec nombre de ses camarades en petit militant souvent puni, mais Josef savait rester derrière la ligne rouge. Prudent, il l'était. 


De petite santé, Staline a eu tout le long de sa jeunesse des problèmes liées à cette dernière. Avec un bras paralysé, une hygiène de vie pour le moins déplorable, une alimentation lourde, une consommation excessive d'alcool et de tabac, l'homme n'aura quasiment aucune année pleine de bonne santé. Atteint d'une artériosclérose, dont il finira par mourir, certains historiens ont indiqué que celle ci pouvait être à l'origine de son "mauvais caractère". Là encore, théorie trop déterministe. 


Josef est également un homme qui aimait les femmes, faisant des enfants sans les reconnaître, les abandonnant beaucoup à leur sort. Laissant sa première femme mourir dans la solitude, il devra connaître du suicide de sa deuxième épouse en plein Kremlin. Ses trois enfants n'auront guère de fin heureuse : l'un tué dans un camp de prisonniers allemand, l'autre alcoolique et arrogant et la dernière, Svetlana, en exil aux Etats-Unis. Quant à ses belles familles, elles seront ni plus ni moins que purgées. 


Staline finira sa vie seul, entouré d'une garde rapprochée et d'amis qu'il soupçonnera en permanence de ne pas en être. Derrière Staline se cachait donc cet homme là, qui aura passé la première moitié de sa vie en clandestinité, d'exil en exil, de villes en villes, tractant et écrivant des articles à n'en plus finir. Vous ne lui auriez sans doute pas donner le bon Dieu sans confession, mais la Révolution, elle, lui a donné la Russie.


Le contexte : Russie tsariste et révolution


La Russie est donc gouvernée par les tsars (césars en russe) et par l'Eglise orthodoxe. L'on retient beaucoup les règnes d'Ivan Le Terrible ou de Pierre le Grand, moins celui de Nicolas II, piètre gouvernant et tyran au fleuret moucheté. 


Ce pays est le dernier à abolir le servage, forme atténuée d'esclavage, en 1869. Dans une Europe secouée par les Révolutions, le régime tsariste ne se laisse pas réformé. Des partis politiques clandestins se réunissent et ils sont de toute tendance : libéral, national et aussi socialiste. Le Parti Social-Démocrate russe, favorable à une révolution, est très organisé et émaille la Russie tsariste en opérant en secret à l'organisation de grèves et de sensibilisation des foules. Divisé en deux, les mancheviks, les moins radicaux, cohabitent avec les bolcheviks, favorables à une révolution rapide, et piloté depuis l'étranger par le très célèbre Lénine. Tous ont lu Marx et malgré de nombreuses dissensions, se serrent les coudes. Staline, lui, encore appelé Koba, est un bolchevik qui s'occupe davantage de la propagande écrite, talent qui contrastait avec un talent oral bien moindre. 


Dans cette Russie là, ravagée par la guerre perdue contre le Japon en 1905, des révolutions éclatent dans tout le pays et Nicolas II promet, en 1905, d'accorder des droits au Peuple. Un an plus tard, il renonce et intensifie la répression contre tous les partis politiques, et particulièrement ceux de gauche. Koba est envoyé dans les différents centres de rétention sibériens pendant qu'éclate la Première Guerre Mondiale en 1914. 


Fatigué par la guerre et par l'intolérance du régime tsariste, une révolution éclate en février 1917. Nicolas II abdique et son frère, Michel, refuse de monter sur le trône. Un Gouvernement Provisoire est nommé et les droits les plus élémentaires sont fournis au nouveau peuple russe en liesse : liberté d'expression, de réunion, etc ... Tous les partis politiques se réunissent autour d'un projet d'assemblée constituante convoquée pour l'année 1918. Ce processus démocratique "bourgeois" est accepté par tous, les nationaux, les libéraux, les socialistes, les mancheviks et même les bolcheviks. La Russie devait devenir une démocratie comme les autres.


Octobre 1917 : la deuxième révolution russe


Au moment du Gouvernement Provisoire, tous les partis acceptaient le processus démocratique. Le parti bolchevik lui-même, dont Staline, qui écrivait à l'époque à la Pravda, concourrait à ce processus en organisant des candidatures à la future assemblée constituante. D'ailleurs, Oleg Klevniuk admet que ce parti aurait été incontournable dans la démocratie à l'image des partis socialistes ouest-européens. 


Un seul homme refusait ce processus : Lénine. Depuis la Suisse, il exhortait le Peuple à se révolter contre cette révolution bourgeoise qui n'était qu'un leurre et appelait son Parti à organiser dès à présent la révolution à venir. Tout le parti bolchevik présent en Russie se moquait de Lénine et Staline lui même, associé à Kamenev, un autre ponte du Parti, estimait que la révolution aurait été une folie, ne coïncidait pas avec la volonté du Peuple Russe ni ne servait ses intérêts. Les historiens s'accordent d'ailleurs pour dire que sans Lénine, il n'y aurait jamais eu de Révolution. D'ailleurs, bien éloigné du pays, ses propres militants le prenaient pour un fou, lui qui avait été si actif dans la clandestinité. 


Mais très vite, en parcourant les zones de conflit, Lénine et Zinoniev parviennent par des mots d'ordre et des grèves à créer un véritable mouvement populaire et à accuser le Gouvernement Provisoire de tous les maux. Par des slogans très efficaces, des piquets de grève et autres techniques de propagande, Lénine parvient à galvaniser ses troupes. Les pontes du parti bolchevik, à l'exception de Kamenev, finissent par se ranger derrière le charisme de Lénine, dont Staline, qui deviendra désormais un de ses plus fidèles serviteurs. 


En octobre 1917, le parti bolchevik fait arrêter le Gouvernement Provisoire et rompt définitivement avec la gauche modérée, les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires (SR), hostiles à toute révolution violente et favorable à une révolution en douceur par les institutions. L'assemblée constituante est annulée. Un Comité des Commissaires Politiques est mis en place. A sa tête, Lénine, suivi de Zinoniev, puis de Staline, déjà troisième homme du pays. D'emblée, Lénine met fin à la guerre en signant avec l'Allemagne une paix séparée, ce que ne lui pardonneront jamais les anciens alliés de la Triple Entente. 


La guerre civile


Après ce véritable coup d'état, personne n'est prédisposé à laisser faire le parti bolchevik, rebaptisé par Lénine le Parti Communiste. Très vite, les anciens pontes du régime tsariste "Les Blancs" mais également les Bourgeois nationaux, libéraux et mencheviks, très vite rejoints par les armées britanniques, françaises et polonaises se dressent devant eux. 


Les communistes mettent très vite les pieds dans le plat en abolissant la propriété privée, en expropriant les propriétaires fonciers et en nationalisant toutes les industries du pays. Léon Trotski prend la tête de l'Armée Rouge pleine de partisans de la révolution. Mais ces hommes ne sont pas des professionnels de l'armée et sont très vite dépassés. Trotski et Lénine prennent la décision de recruter des anciens de l'armée tsariste, appelés les Spécialistes pour encadrer et former les soldats. Très vite, l'Armée Rouge met en déroute ses ennemis, galvanisée par la propagande, formée par des professionnels, nourrie grâce à la collectivisation forcée. 


Fait qui annonce beaucoup de sa dictature : Staline est envoyé sur le front à Tsaritsyne avec Vorochilov. Staline, contrairement à Lénine et Trotski, se méfie des Spécialistes comme de la peste qu'il dénonce comme des traîtres. Très vite, sur ce front, l'Armée rouge est logiquement battue par les troupes polonaises. Au lieu de reconnaître ses erreurs, Staline, et ce sera sa technique principale de gouvernance, attribue son échec aux éléments contre-révolutionnaires présents dans la zone de Tsaritsyne. Après avoir demandé à Lénine l'autorisation, qui lui est donnée sans doute parce que ce dernier vient d'être victime d'une tentative d'assassinat par un socialiste modéré, Staline et Vorochilov créent des preuves contre un notable, Aleiev, et contre un bolchevik, Makrovskii, et font exécuter massivement nombre d'anciens fonctionnaires tsaristes locaux ainsi que des délinquants de droit commun et d'autres pauvres âmes par ci par là. 


Cette véritable terreur mise en place, première purge de Staline loin de Moscou, laisse présager sa future gouvernance. Bien sûr, Lénine sera mis au courant de ces agissements, mais ne prononcera aucune sanction contre Staline, estimant que ce genre de purges était un mal nécessaire pour la victoire qui interviendra en 1921 au prix d'une lutte acharnée. En 1921, l'URSS est créée.


La dictature de Lénine.


Lénine est naturellement le chef de l'URSS. Mais il n'est pas le seul homme fort du pays. Léon Trotski, chef de l'Armée Rouge, est également auréolé de gloire, d'autant plus qu'il a un charisme et un don oratoire réel. Ensuite, ce que l'on a appelé la Troïka, a un rôle très important et est constituée de Staline, de Zinoniev et de Kamenev.


Staline, en bon camarade géorgien, s'occupe des Nationalités et organise la politique au sein des autres républiques socialistes soviétiques, notamment en Géorgie et dans le Caucase, où l'un de ses proches, Ordjonikidze, fait régner une mauvaise ambiance. 


Au départ, Lénine et Staline s'entendent très bien. Ils sont même amis et se fréquentent régulièrement. Staline sera très proche de Lénine dans certains moments difficiles, notamment à cause de la mauvaise santé du chef suprême. En réalité, ce dernier se méfie de Trotski et s'appuie sur la Troïka pour garder sa place de leader. 


Dans le même temps, Lénine met en place la légendaire NEP (nouvelle politique économique) qui permet aux paysans de cultiver un petit lopin de terre et de vendre leurs marchandises. Cette privatisation permise aux petits seulement, tout en conservant nationalisés les secteurs stratégiques, est une excellente réforme qui permet à un peuple épuisé de tant d'années de guerre de se reconstruire et également de pouvoir manger à leur faim. Cette petite exception faite au communisme permet de donner de l'air à l'économie soviétique en reconstruction et qui commence à briller sur la scène internationale et à inspirer des mouvements révolutionnaires dans tous les pays européens, particulièrement en Allemagne avec le mouvement spartakiste de Rosa Luxembourg. 


Mais à un moment, Lénine renverse son alliance et se détache de Staline. D'abord, il s'oppose à lui dans une réforme proposée sur les Etats. Il s'oppose également à la Troïka sur le sujet du monopole du commerce extérieur et finit par accepter le retour en grâce de Trotski avec qui il s'allie. La Troïka, composée de Staline, Zinoniev et Kamenev, est dans le viseur d'un Lénine affaibli physiquement. Lénine va même jusqu'à désavouer le protégé de Staline, Ordjonikidze, en Géorgie et à envoyer une lettre au Politburo en accablant le caractère trop brutal du camarade Staline, ce qui constitue une véritable humiliation publique. Toutefois, Lénine meurt bien avant d'avoir pu éliminer la Troïka. 

Staline, l'Homme de Droite (1923-1927)


A la mort de Lénine, le Politburo est composé en autre de Zinoniev, Kamenev, Staline, Boukharine et Rykov. La question de la succession est évidemment importante et chacun, disposant de son propre réseau de militants, s'efforce de décider en collégialité en attendant une opportunité pour opérer à un coup de force. 


Trotski, particulièrement, œuvre dans l'ombre, estimant qu'il est légitime à gouverner le pays. Zinoniev et Kamenev, qui constituent l'aile gauche du Politburo, estiment également pouvoir tirer leur épingle du jeu. Staline, très étonnamment, va s'allier avec Boukharine et Rykov, l'aide droite du Bureau Politique, afin de garder un équilibre qui aurait pu tourner en faveur de Trotski, l'ennemi juré de Staline.


L'opposition de gauche, composée de Trotski et Zinoniev, va mener la vie dure au Politburo. La question fondamentale à ce moment là est le maintien ou non de la Nouvelle Politique Economique de Lénine. Les opposants de gauche dénoncent une prime à la spéculation et sont favorables à une collectivisation plus poussée des moyens de production, notamment agricoles. Mais l'aile droite fait bloc derrière Staline, Boukharine et Rykov. 


Très vite, Zinoniev et Kamenev vont être exclus du Bureau Politique. Trotski, lui, est carrément exilé de l'URSS. Il n'aura de cesse de dénoncer l'URSS de Staline depuis l'étranger jusqu'à ce qu'un des assassins du NKVD, directement envoyé par Staline, le tuera à coup de piolet en 1940 au Mexique.


Virage à gauche et grand Tournant (1928-1933)


Après avoir éliminé son aile gauche, mis sous surveillance étroite Zinoniev et Kamenev tombés en disgrâce, Staline va procéder à l'élimination de son aile droite. Mais la tâche va s'avérer bien plus compliquée car le clan de Boukharine et de Rykov est bien plus soudé et fourni. Il contient notamment les camarades Tomski, Ouglanov et Kalinine. Staline, lui, ne peut compter que sur ses fidèles : Molotov, Vorochilov, Ordjonikidze et Mikoïan. 


Les manœuvres se feront bien plus subtiles et, la nature ayant horreur du vide, Staline va occuper la gauche du Bureau Politique. Très vite, il remet en cause la NEP en estimant que certains "koulaks" se sont gavés sur le dos des pauvres en spéculant et appelle à l'arrêt de la NEP et l'abolition réelle de la propriété privée. 


La stratégie de Staline est d'ailleurs claire : piller la paysannerie pour développer une industrie lourde. Le plan quinquennal de 1929 va d'ailleurs en ce sens : accélérer les collectivisations et financer une industrialisation en achetant des machines à l'étranger. Très vite, la pression sur les paysans va se faire de plus en plus dure. Les kolkhozes sont mis en place et chaque paysan doit les rejoindre en abandonnant ses terres, ce que refusent certains koulaks, bientôt persécutés par des milices coordonnées dans les régions. Fouilles, vols, viols, exécutions : tout est bon pour faire cracher ces petits paysans, figures d'une Russie traditionnaliste. D'ailleurs, les milices rouges investissent les Eglises et arrêtent les officiers du culte, voire dans certains cas les exécutent. S'il existe des révoltes paysannes, elles sont réprimées dans le sang. 


Les récits des horreurs qui se produisent dans les campagnes ne pourront jamais faire comprendre le caractère odieux des actes commis sur les koulaks, ou présumés koulaks, considérés par Staline comme des bêtes de somme. On va jusqu'à chercher les dernières réserves de blé dans les caves et Staline se déplace jusqu'en Sibérie pour surveiller les opérations (et également exercer sa propagande). Face au paysan suspect d'amour du tsarisme et de la religion, il met en valeur le stakhanoviste ouvrier. 


Les résultats de cette politique est bonne au niveau de l'industrie, mais humainement catastrophique tant les famines, directement dues aux collectivisations forcées et aux répressions, vont être énormes notamment en Ukraine. Les récits de cette famine sont ni plus ni moins qu'insoutenables, confinant au cannibalisme. Et plus la famine fait rage, plus les déportations et exécutions de koulaks sont fréquentes. L'industrie de l'URSS se sera faite sur la vie de millions de paysans. Le cynisme aura été poussé à un tel niveau que Staline refusera même d'acheter du blé à l'étranger, trop arrogant et trop inquiet que cela ne lui porte préjudice. 


Politiquement, Staline va charger l'OGPU, déjà coupable de crime contre l'humanité dans les campagnes, de fabriquer des preuves sur certains ennemis. Boukharine se voit accusé d'avoir pactiser avec Kamenev par lettre et très vite, Boukharine et Rykov sont exclus du Parti puis arrêtés. Tomski, lui, se suicide. En 1933, en pleine grande famine, Staline est le seul maître à bord.


Du grand apaisement à la déflagration (1934-1936)


En 1933, la paysannerie est ravagée par la famine et les crimes horribles dont elle a été l'objet. L'aile droite du Bureau Politique est neutralisée. L'industrie fonctionne. Mais un évènement va inquiéter Staline. Hitler est arrivé au pouvoir et le fascisme est en vogue depuis déjà une dizaine d'année en Occident. 


Déjà, l'URSS cherche à séduire les pays occidentaux, notamment le Royaume-Uni et la France, pour procéder à des alliances préventives. En 1934, Staline signe avec la Tchécoslovaquie et la France un pacte d'assistance mutuelle. Pour cela, il va mener certaines réformes d'apaisement en abolissant l'OPGU, considéré comme trop répressive, et créer le NKVD, sa police politique. 


Le grand génie de Staline est toujours de reprocher aux autres ce qu'il a ordonné lui-même et va ouvrir des commissions destinées à enquêter sur les actes commis contre les koulaks. Publiquement, il condamne les abus policiers et libère puis amnistie de nombreux prisonniers politiques. 


Staline rétablit en outre la possibilité pour les paysans d'avoir un petit lopin de terre, c'est-à-dire la NEP qu'il avait lui même abrogé. Staline envisage même une réforme constitutionnelle destinée à protéger les citoyens soviétiques des abus de pouvoir. Ce grand retournement, incroyable historiquement parlant, montre l'opportunisme de Staline et révèle sa stratégie du grand balancier : initier une politique puis nier en avoir été l'auteur en faisant sauter les intermédiaires responsables directs des actes. Alors qu'il a été le bourreau des koulaks, il s'en fait désormais le sauveur. 


Mais cette petite parenthèse libertaire ne va pas durer. Kirov, un responsable soviétique, est assassiné à Moscou par un homme pour des sombres raisons d'adultère. Staline profite de cet assassinat pour faire croire à une conspiration menée par ses ennemis politiques à l'intérieur du pays comme Zinoniev, Kamenev, Boukharine ou Rikov : la grande terreur va commencer.


La Grande Terreur (1936-1938)


Cet épisode historique est sans doute l'un des moments les plus affreux de l'histoire de l'Humanité, et aussi les aspects les plus emblématiques du règne de Staline. 


Ce dernier nomme Iajev à la tête de la Sécurité d'Etat et ce dernier va organiser une vague de répression exceptionnelle qui va mener à 700 000 exécutions, à peu près 1500 par jour.


Des procès, rediffusés et enregistrés, concernent les grands pontes du Parti. Zinoniev et Kamenev sont jugés et exécutés en 1936. En 1937, Ordjonikidze, tombé en disgrâce, se suicide. En 1938, Boukharine et Rikov sont jugés et exécutés. Tous les anciens membres du Parti du temps de Lénine se voient torturés puis jugés avec des fausses preuves. 


Il en va de même pour tous ceux qui, de près ou de loin, sont jugés comme des éléments contre-révolutionnaires : anciens fonctionnaires tsaristes, bourgeois, fonctionnaires actuels, nationaux de pays ennemis, cadres de l'armée, etc ... Chaque collectivité territoriale se voit imposer un quota de déportation et d'exécution qu'il est bien vu d'outrepasser et le zèle n'est pas ce qui manque dans l'URSS de Staline. 


Cet épisode montre deux éléments de la dictature stalinienne : d'abord, l'invention perpétuelle de faux ennemis de l'intérieur pour asseoir le pouvoir en place et justifier l'échec des politiques mises en place. Elle démontre également une conception néo-patrimoniale du pouvoir fondée sur la terreur : les fonctionnaires travaillant pour Staline, notamment les plus proches, ne dorment quasiment jamais tant ils sont terrifiés par l'idée de décevoir celui qui peut les faire exécuter en un claquement de doigt. Cela conduit notamment à éliminer ceux qui n'arrivent pas à atteindre leur objectif, mais également ceux qui les dépassent trop, ce qui conduit à une certaine médiocrité. Toute personne étant un tant soi peu par son talent menaçant pour Staline est arrêtée et exécutée dans la journée même. 


Les exécutions opérées industriellement entre 1936 et 1938 sont terribles. La paranoïa de Staline est d'autant plus forte qu'elle est efficace : il va remplacer les anciens cadres par des plus jeunes, qui n'ont pas connu les anciens, et renouvellera régulièrement ses proches par des purges successives. La technique de la purge est la marque stalinienne par excellence et il l'imposera dans tous les pays qui rejoindront le bloc communiste : la citation de Staline suivante, volée à Gengis Khan, est à ce titre lourde de sens La tranquillité du conquérant exige la mort du vaincu


En 1938, comble de l'horreur : Staline fera exécuter Iajev, son N-1, en l'accusant d'avoir opérer à ces crimes dans son dos. Cette stratégie, déjà décrite par Machiavel dans Le Prince, qui consiste à ordonner à quelqu'un de faire le sale boulot, puis de le liquider publiquement en se déchargeant de toute responsabilité, est une spécificité du génie stalinien dans la magouille politique. 

Le Pacte Germano-Soviétique


En 1938, Staline est le seul maître à bord. Ses plus proches, Beria, Malenkov, Vorochilov, Mikoïan et Boulganine, ainsi que Molotov, Jdanov et Kaganovitch lui servent de relais.


Suite aux accords de Munich de 1936, dans lesquels le Royaume Uni et la France acceptent l'annexion des Sudètes tchécoslovaques par Hitler, Staline n'a plus aucune confiance dans les puissances occidentales. Suite à des longues négociations avec ces puissances, qui se révèlent infructueuses, il choisit de nommer Molotov aux affaires étrangères et de négocier un traité avec l'Allemagne Nazie.


Staline est trop conscient des faiblesses de son armée qui, si elle est très forte en nombre, n'a plus de bons commandants, tous purgés, et équipés avec des armes d'une fiabilité très relative. Cette négociation avec Hitler est d'autant plus nécessaire que les services secrets russes lui fournissent des informations sur l'industrie de guerre allemande qui effraient beaucoup Staline. En d'autres termes, faute de confiance en les occidentaux, et faute de confiance en sa propre armée, Staline préfère traiter avec Hitler, en ne lui prêtant d'ailleurs aucune confiance. Molotov rencontre Von Ribbentrop et les deux hommes concluent un pacte de non-agression. 


Le plus intéressant est, qu'en secret, les deux puissances se partagent l'Europe de l'Est : les Allemands occuperont la Pologne, la Norvège, la Suède et la Russie conservera les Pays Baltes, la Finlande, aura accès aux détroits d'Asie Mineure et à certains territoires japonais. En outre, l'URSS va fournir beaucoup de ressources à l'Allemagne en échange de matériels militaires. 


Quand, en 1939, l'Allemagne envahit la Pologne, déclenchant la Seconde Guerre Mondiale avec la France et le Royaume-Uni (qui ne réagissent pas), l'URSS laisse l'Allemagne avancer en Pologne. La rapidité de l'avancée allemande stupéfie Staline qui s'empresse de lancer ses troupes en Finlande, enclenchant la Guerre d'Hiver. Mais les troupes de l'Armée rouge, pourtant largement supérieure en nombre et en puissance, s'enlisent et perdent la Finlande. La panique de Staline est à son apogée : tandis qu'Hitler réussit à faire plier en un temps record la Pologne, et même à faire plier la France, il ne parvient même pas à conserver la Finlande et à peine les pays baltes. 


Les massacres commis en Pologne, notamment à Katyn, ne sécurisent pas pour autant les possessions soviétiques. Staline, si féroce dans son propre pays, se voit affaibli sur le plan international et quasiment méprisé par les Allemands. Réellement effrayé par ces derniers, il condamne même ceux qui, en URSS, critiquent Adolf Hitler. Mais cette politique de lèche-botte n'est d'aucune utilité. Hitler lance l'offensive sur l'URSS alors même que Staline pensait absolument impossible que l'Allemagne se lance sur deux fronts. Cela est si brutal que Staline n'arrive même pas à y croire et pense que cela n'est qu'une tentative de quelques généraux indépendants. Mais quand la réalité arrive, et que les deux plus hauts maréchaux, Timochenko et Joukov sont convoqués au Kremlin et confirment l'avancée spectaculaire de la Wehrmacht en territoire soviétique, Staline tombe dans une grande panique et n'est plus que l'ombre de lui même comme si le monde lui tombait sur la tête. Il ne prend tellement pas la mesure de la situation qu'il demande à la Bulgarie d'organiser une paix, ce que cette dernière se permet de refuser, alliée nouvelle de l'Allemagne Nazie. 


La panique est à son comble et Moscou ordonne de transporter toute la richesse ainsi que les documents confidentiels vers l'est. Staline, complètement abasourdi, et ne sachant que faire pour endiguer l'avancée allemande éclair, alors très proche de Moscou, convoque ses généraux pour les terroriser. Joukov lui même se met à pleurer. Staline aura même dit en sortant de cette réunion : Lenine nous a laissé un grand héritage et nous, ses héritiers, l'avons foutu en l'air.. Staline croit réellement à ce moment là avoir perdu la guerre. Toute la capitale se met à s'enfuir, les voitures sont prêtes à évacuer les cadres soviétiques, des émeutes éclatent et Staline, dans un état dépressif réel, s'isole laissant ses proches abandonnés. L'URSS semble finie.


La Seconde Guerre Mondiale


Dans une atmosphère apocalyptique, dans un Moscou en déliquescence, Staline est dans sa datcha et ne répond plus. Ses plus proches, paniqués, décident de se rendre chez lui pour lui proposer de créer un Comité d'Etat à la défense. Mais ces derniers, effrayés que Staline prenne la mouche, font tout pour que ses proches y soient nommés et qu'il en prenne la présidence. Quand, ce jour là, ils arrivent dans sa datcha, Staline semble craindre de se faire arrêter, premier et dernier moment de faiblesse. Quoiqu'il en soit, Staline accepte bien volontiers l'idée du Comité d'Etat à la défense et décide d'incarner à toute volée le leader de la nation russe. 


Très vite, Staline, président du Comité, lance des contre attaques sur plusieurs fronts. Il affuble chaque commandant de l'armée d'un commissaire chargé de le surveiller, crée l'incrimination de capitulation destinée à exécuter tout soldat se rendant, crée les unités anti repli, les bataillons disciplinaires et rencontre Hopkins, envoyé des Etats-Unis, pour ébaucher une alliance avec le Royaume Uni et les Etats-Unis. Mais l'Allemagne est trop rapide. Kiev est prise. Leningrad est assiégée. Pire encore, l'Allemagne parvient à s'ouvrir un passage vers Moscou, ce qui redouble la panique dans la capitale. 


En octobre 1941, Staline planifie une contre-attaque et en janvier 1942, il parvient à refouler les Allemands à 200 kilomètres de la Moscou. Dans la foulée, Staline envoie Timochenko et Khrouchtchev en Ukraine. Il envoie également un de ses fidèles, stalinien fanatique mais militairement catastrophique, nommé Mekhlis, en Crimée. Mais ce dernier fera l'erreur de perdre Sebastopol. On raconte que Mekhlis, arrivant à Moscou pour annoncer la mauvaise nouvelle, se fait accueillir par Staline qui lui hurlera "Maudit!". Ensuite, les Allemands prennent Kharkov et Staline s'enfonce dans une erreur stratégique qui est celle de toujours contre-attaquer, ce qui expose ses troupes à des encerclements par les Allemands qui leur sont fatales. 


Furieux, Staline envoie même le légendaire Ordre 227 qui dispose Ceux qui sèment la panique et les couards doivent être exterminés sur place. La catastrophe est telle que Stalingrad est prise par les Allemands. La bonne situation de janvier 1942 touche clairement à sa fin. Mais Staline prend conscience de ses erreurs et arrête la technique de la contre-attaque, préférant l'attente patiente des ennemis pour les écraser. C'est ainsi que Stalingrad est reprise, que Leningrad est libérée et que Koursk l'est dans la foulée. Les Soviétiques prennent enfin l'avantage.


En 1943 a lieu la Conférence de Téhéran avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Staline, qui a peur de prendre l'avion de peur d'être piloté par un ennemi, s'y rend tout de même. Il souhaite que ses Alliés ouvrent un second front en France, ce que ne semble pas encore vouloir Churchill qui n'a de cesse que chercher à débarrasser la Pologne et la Grèce de l'influence russe. Pour autant, leur rapport devient bon et les Anglo-Saxons fournissent l'URSS en armement. 


Sur le plan de la politique intérieure, Staline gouverne en collégialité avec Molotov, Beria, Malenkov et Mikoïan. Accusant les minorités ethniques se situant aux frontières d'être responsables des échecs militaires soviétiques, notamment les Tatars, les Tchétchènes, les Ingouches, les Kurdes, les Turcs, il les déporte au fin fond de la Sibérie. 


En même temps, il se réconcilie avec les Eglises orthodoxes, autorise les études de théologie, l'élection d'un Patriarche et libère les prêtres. Les Russes, profondément chrétiens malgré les persécutions ordonnées par Staline au début des années 30, accueillent favorablement cette réconciliation. 


Staline assouplit également son attitude avec l'armée en supprimant les bataillons disciplinaires, les unités anti-replis et les commissaires aux armées. Il rétablit en outre les médailles et les épaulettes qui avaient leur place sous le régime tsariste. Des tensions apparaissent néanmoins avec les Etats-Unis qui tentent de négocier en secret avec les Allemands à Berne les termes d'une reddition, mais Roosevelt finit par s'excuser et à Yalta, en 1945, les Alliés se partagent l'Allemagne équitablement. 


Bientôt, Staline lance une attaque sur Berlin et Hitler se suicide. Pourtant, cette Bataille sera une des plus terribles. De manière générale, Staline aura envoyer des millions d'hommes à l'abattage et malgré cela, il se fait attribuer le titre de Généralissime. L'URSS vient de vaincre l'Allemagne.


L'Après-Guerre


Staline, auréolé de gloire, dans son pays comme sur la scène internationale, l'a échappé belle. Très vite, il décide de réaffirmer son leadership en humiliant publiquement Molotov, son Ministre aux affaires étrangères extrêmement populaire à l'étranger. Il lui demande en outre de divorcer de sa femme, Paulina Jemtchoujina, soi disant responsable d'un complot sioniste international du fait de ses origines juives. On aura l'occasion de voir que cette rhétorique antisémite est un trait marquant du stalinisme d'après-guerre. Pour autant, Molotov s'en tirera sans trop de difficultés, la purge étant pour les très proches de Staline à cette époque un simple moyen d'intimidation ou de sanctions. Les retours en grâce se font plus fréquents et les exécutions sont moins définitives. 


Pour autant, à la mort de Joukov, Staline purge le camp des Leningradois et fait arrêter et exécuter Voznessenski. Staline fait de même avec la femme d'un des plus haut maréchaux, Koulik, sans que ce dernier ne l'apprenne et lui faisant croire que cette dernière était une espionne. Cette méthode est d'une cruauté sans nom, d'autant plus que le Maréchal Koulik a été forcé de faire son mea culpa en public pour avoir publiquement mis en cause le Parti dans la disparition de sa femme, ce qui était pourtant le cas. Les méthodes staliniennes sont donc toujours d'actualité et ne perdent pas en efficacité malgré une relative détente. 


De manière générale, alors que la Guerre Froide commence à montrer le bout de son nez, Staline se montre très critique de la société occidentale en fustigeant la servilité de l'intelligentsia envers la culture européenne et américaine. Le dictateur va même jusqu'à détester la science, n'hésitant pas à faire arrêter ceux qui ne lui plaisent pas, et dénonçant le "formalisme" opposé au bon sens populaire.  Il dénonce également le cosmopolitisme et commence à initier une politique antisémite envers les Juifs, accusés de trahison depuis qu'Israël s'est alliée aux Etats-Unis. Le Comité Juif Antifasciste soviétique est dissous et Salomon Mikhoels, le directeur soviétique du Théâtre Juif, est assassiné à coups de marteau. Cet antisémitisme, qui a été transmis à la gauche occidentale de bien des manières, est mal comprise et semble être davantage un opportunisme stalinien qu'une véritable conviction. Il n'empêche que Staline finira par exclure tous les Juifs du Parti. A l'origine géopolitique, l'antisémitisme de Staline va muter pour devenir culturel et idéologique, comme il l'avait fait pour de nombreuses ethnies présentes en Russie. 


Staline se révèle également inflexible du point de vue de l'économie. Sa réforme monétaire, visant à réduire à l'inflation due aux politiques généreuses de l'URSS pendant la guerre, conduit à une panique populaire et à une spéculation de la nomenklatura. Alors que ses proches réclament à Staline une réforme pour augmenter les prix et améliorer le niveau de vie des paysans russes, ce dernier refuse, provoque de nouvelle fois une famine en baissant les prix et continue de mépriser ceux qu'ils considèrent être des vaches à lait. Son mépris pour le peuple rural est toujours aussi criant. 


Sur le plan international, l'URSS commence sa course à l'armement dans la perspective de la guerre froide et développe sa propre bombe atomique. L'objectif est de répondre à la puissance militaire américaine qui, fort de son Plan Marshall, est en train de devenir une hyperpuissance. L'équilibre de la terreur est en train de se profiler d'autant plus que les relations se tendent entre les anciens alliés pendant le Blocus de Berlin et depuis la création du Pacte de Varsovie. 


Mais, entre alliés, les relations ne sont pas plus idylliques. Dès 1948, Staline ordonne des purges dans les pays de l'est passés au communisme. La Pologne, qui a déjà bien souffert quand Churchill y avait imposé un gouvernement provisoire non soviétique et que Staline a, par mesure de rétorsion, laissé massacrer par les Nazis, se voit purgé, notamment l'homme politique Gomulka. En 1949, Staline diligente des purges en Hongrie puis en Bulgarie. Seul Tito, le dictateur yougoslave, aura la légitimité, la force et le prestige pour imposer un communisme non-stalinien. 


Le 1er octobre 1949, Mao prend le pouvoir en Chine et malgré quelques réticences et une certaine rivalité, Staline accepte un pacte entre l'URSS et la Chine. Bientôt, la Corée du Nord devient communiste et Kim Il-Sung mis au pouvoir. Mais la Guerre de Corée éclate. Staline réussit, pour ne pas se mettre les Américains à dos, à convaincre les Chinois d'intervenir. Mais la guerre s'enlise pour créer la situation que nous connaissons. A sa mort, Staline laisse un monde bipolaire prêt à s'enflammer. 


En 1953, terrassé par une attaque cérébrale, Staline est mort et bien mort. Ses conseillers n'oseront entrer dans sa chambre, pour le découvrir, que très tard. En effet, ils ont une peur bleue d'être surpris à son chevet, estimant que si Staline les avait vus, il les aurait purgés pour l'avoir vu dans un état de faiblesse. A sa mort, l'URSS abolit la torture, augmente les prix, opère à une détente avec les Américains. Néanmoins, les traces staliniennes, sa violence, sa négation de la démocratie, sa terreur ont marqué durablement la Russie et l'Europe de l'est. Staline, plus que jamais, aura marqué par sa brutalité et aussi par les espérances bafouées de ses camarades dans le Monde. Il est sans doute le plus grand fossoyeur du Marxisme.


 Critique inspirée du mémorable ouvrage d'Oleg Khlevniuk Staline.


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